Récits de chasse
Un autre jour, un petit singe, très petit, genre whiskyky, ou capucin gourmand, étendu sur le sol, les poils hagards, et pas à la gare, l'œil ébouriffé. Son coeur battait fort, très fort. La pitié m'empara, j'n'allais pas tuer ce p'tit singe. Je le pris dans mes bras.
T'ai-je eu raconté que la chasse fut, et non barrique, une de mes passions ? Non crois-je, ou croassé-je en rentrant de Yougoslavie, et je vais remédier à ce grave manquement. Mais sache que j'habitais une fort grande gentilhommière, qui me permettait d'exposer mes trophées de chasse. Certaines pièces contenaient des animaux naturalisés par les taxidermistes les plus reconnus. Et même dans le hall, juste avant l'escalier monumental, étaient un couple de girafes et leur rejeton girafon. Tu mates la taille d'la bicoque là ? Mais ma pièce préférée demeura, dans cette demeure, la grande salle des trophées. Les parois étaient ornées de têtes empaillées des plus féroces carnivores de la planète, de l'ours brun au tigre du Bengale royal en passant par un rhino sortant de chez son O.R.L. Et au-dessus de l'imposante cheminée, le plus beau de tous mes trophées, la tête de ma Belle-Mère. Meuuuh noon j'l'aimais bien ma Belle-Mère.
Un jour avec mon ami Georges, Georges of the jungel évidemment, nous partions chasser le féroce lion. Georges me dit
- penses-tu courir plus vite que l'lion avec tes Addidas-Nike blanches ?
- non mais courir plus vite que toi, oui !
Et je rentrai seul.
Un autre jour je me trouvis, nez à truffe avec la bête. Mon fusil n'étant pas chargé, quel sot suis-je, quel fou fais-je, j'implorai le ciel de donner un esprit chrétien à ce lion. Aussi tôt, celui-ci, le lion pas l'ciel pomme, tomba à genoux, joignis ses énormes pattes griffues :
-seigneur bénissez ce repas !
Pendant qu'il implorait je m'esbignis.
Plus loin au bord du fleuve, tapis dans les fourrés, ou fourré sous l'tapis, une femme se dévêtait. Nue tu n'eus point de peine de voire que c'était une vieille femme. Si elle voulait se suicider en se tirant une balle deux doigts sous le sein gauche, elle s'foutait la balle dans l'genou. Lorsqu'elle plongea, un jeune crocodilien se jeta sur elle pour la dévorer. Mais le croco mâle chef,le plus grand de tous les sacs à main, du fleuve attrapa le jeune fougueux et le tança vertement :
- on n'touche pas à Madame Lacoste !
- alors bonhomme qu'est-ce qui n'va pas ?
- suis amoureux
- oh mais c'est chouette
- non pas d'la chouette, d'la girafe
- t'es amoureux d'la girafe, c'est pas grave
- si, elle me tue, toute la journée elle me dit embrasse-moi, bouffe-moi l'cul, embrasse-moi, bouffe-moi l'cul.