Le long du chemin
On y va, on reprend notre périple au Népal, après cette cérémonie rituelle qui t'as comment dire, retourné les sangs, On poursuit notre route en autocar. On traverse des régions cultivées aux abords de petites agglomération.
Soudain j'dis à ma Jonquille, t'as vu l'chauffeur il est assis à gauche. Normal tu m'diras toi aussi dans ta Béhème. Oui mais là on roule à gauche. Au prochain arrêt, on ausculte ce car sous toutes ses coutures. C'est un vieux Mercedes, mais de bonne facture et surtout très propre et pas cabossé du tout. Sur le flan de la carrosserie, on peut voir une enseigne commerciale qui a été décollée. Ce car, jadis, avait garage à Emmenbrücke. Petite ville proche de Lucerne en Suisse.
On s'arrêta dans un petit hameau, comme ça, pour voir les gens du cru et leur habitat. Un Népalaise était assise avec son pitchoune dans les bras et l'aîné qui fuit la photo.
Quant à leurs maisons, j'en ai dégotté une en construction et mon oeil intéressé se figea sur la technique du coffrage et du béton armé. Même pô peur qu'ça tombe !
Une horde de quinze à vingt gamins s'aglutine autour de nous en tendant la main. Un de nos collègue de voyage, un Bourbine, eut une idée de génie. Eh oui ça leur arrive ! Un peu plus loin un marchand de glaces, il s'en va vers lui, avec les gamins aux basket, et négocie un prix pour une glace par gamin. Distribution. Un p'tit futé de huit à dix ans, mis son cornet glacé dans sa culotte pour aller en quémander une deuxième.
On s'en repart, et le long du chemin on s'intéresse à une carrière. Une carrière me diras-tu, tout l'monde sait plus ou moins ce que c'est. Mais comme ça, c'est de l'inédit. De jeunes hommes sont au front, avec une masse et une barre à mine ils exploitent de gros blocs, ils les réduisent en plus petits morceaux. Plus loin ce sont les femmes et les enfants qui réduisent ces moyens cailloux qui serviront de chaille pour la construction de routes. Les transports entre les différents *ateliers* se font à tête de femme dans des paniers d'osier.
On embarque à bord du car pour une prochaine étape, un village assez pitoresque, dont j'ai suberbement oublié le nom. Le car nous lâche en bas et nous allons parcourir l'*avenue* principale du village. Fait surprenant, il n'y a ni portes ni fenêtres. Dans la pièce principale se tient plusieurs personnes, le local est très bas de plafond. La cuisine se fait au feu de bois, et tout au fond, mais le hic, il n'y a pas de canal d'évacuation de la fumée. Elle ressort par la porte. Si bien que toute la pièce est noire, les gens aussi. Un traînée de suie noire orne la façade, et c'est toutes les maisons la même chose. On ose pas trop prendre de photos, les Népalais sont suceptibles.
Plus haut, à l'extrémité on entend des cris d'enfants. C'est la récréation. Nous discutons avec les enseignants. Soudain la cloche sonne et comme partout c'est la fin d'la récré. Les mouflets, tu remarqueras sont en uniformes, se mettent en rangs. Et spécialement pour nous, ils se mettent à chanter l'hymne national. Entre tous on se collecte de quelques petits sous qu'on remet aux instits. Ce sera pour du matos scolaire nous affirment-ils.
Prochaine étape la capitale, Katmandou.