La piste de l'Ours
A peine rentré à la clinique, elle était là. Je la vis à travers la fenêtre. Elle me narguait de sa grande langue blanche. Mais qui est-elle ?
La Piste de l'Ours est une piste noire de ski alpin créée en 1969 sur les communes des Agettes, Salins et Vex. Elle fait partie de la station de Veysonnaz et du domaine skiable des 4 Vallées.
En 1969, sous l'impulsion de René Fournier, aiguillonné par deux compétiteurs de l'époque, les frères Régis et Alby Pitteloud, la piste est créé sur le lieu de l´ancienne et imposante forêt de la "Bougeoisie de Sion".
Prévue pour être le lieu de la descente homme aux Jeux olympiques d'hiver de 1976 (pour lesquels Sion était la ville candidate), la piste devient progressivement le cadre des compétitions de haut niveau, tels les championnats suisses (hommes et dames) remportés, en 1971, par Bernhard Russi devant Roland Collombin. Cette même année, la Piste de l'Ours est le théâtre de deux descentes coupes d'Europe.
Des souvenirs bouleversent mon caberlot. Je vais te les narrer, aussi cure bien tes étagères à mégots et on ne moufte mot pendant la séance de racontage.
Avec mes deux copains, Didouille et Poupou, chaque année on s'en allaient skier pendant la période pascale. Mais nous on trouvait beaucoup trop court le temps impartit de quatre jours. Aussi on négociait habillement avec le Boss pour un complément de deux jours et demi. Accordé ! Braillait-il mais vous casser pas les guiboles bon sang d'une pipe en bois. Aussi le mardi à midi quand nous allions lui dire au revoir, il nous glissait un talbin de cent pions pour les aperluches.
On s'en partait avec la mercédès vert et vert de Didouille. A l'arrière, les trois barbus que nous étions avions placé un panonceau Just Married !
Dans le rétro on repérait des couples de p'tits vieux et la mamie qui exhortait pépé à nous dépasser pour voir *la tronche de la mariée*. Arrivé à notre hauteur, on plaquait nos barbes à la fenêtre. Certains vissaient leur indexe sur la tempe, mais d'autres levaient un pouce en se fendant la poire. Ça y est les vacances de Pâques sont lancées. A nous la belle vie et les franches déconnades.
Le rythme des journée était immuable. Les premiers à la salle à manger pour le p'tit-déj et les premiers à prendre la première benne du matin vers neuf plombes. On skiait jusqu'aux environ de midi. Le premier qui tirerait une gamelle paierait la tournée d'apéro le soir. Après s'être sustenté d'une soupe, d'un quignon de pain et d'une assiété de roestis arrosé d'un solide coup de rouge, on reprenait la piste.
Après l'apéro du soir qui durait solidement deux plombes on reprenait nos quartiers à l'hôtel, douche et habits propres. Le souper était compris avec le prix de la chambre. On bafferait tout ce qu'y avait sur la table y compris la boisson à volonté. Ensuite c'étaient les bars parallèles sport que l'on pratiquait jusqu'à la fermeture. On s'enfilait des blondes moussues, ou on enfilait des blondes bien développées.
Or un aprême en descendant la Piste de l'Ours, il faisait très chaud et la neige devenait très lourde. Dans un instant de distraction, mes lattes sortirent de la piste pour s'enfiler sous la petche de côté. Malgré d'énergiques coups de volant à droite, ma direction était tracée. Je filais tout droit contre un énorme sapin.
Rien à faire j'y allais contre et assez vite. Le choc ne fit aucun bruit, mais je me retrouvais pendu comme un cochon, les fixations croisées dans les branches avec les talons contre le tronc. Mes poignets emprisonnés dans les dragonnes des bâtons et ces dernier croisés sous mon cul. Pris au piège. Je gueulais comme un putois et plus je gueulais, plus mes copains se marraient. Après un temps interminable pour moi, ils se décidèrent de me sortir de là. Avec les larmes aux yeux à force de rire. Bon je paierai l'aperluche tout à l'heure.
Mon copain Didouille est décédé y a une trentaine et Poupou y a une vingtaine d'années. Il y a donc prescription et je ne connaissais pas ma Jonquille.
A dimanche, ouhlala...