fabuleuses fables
Tu t'souviendres, y a quelque peu d'temps, ch't'avais affabuler d'fables du Cornard et du Rebeau. Ben ça déclencha le déclencheur de mes blogpotesses et blogpoteurs, si bien chacun y alla de sa p'tite histoire. Merci z'à eux et ch'tles livre in exten seau, parc'qu'des fois quand y pleut un seau ça rend service.
Le corbeau et le renard en version argotique.
Le corbac et le goupil
Un pignouf de corbac sur un abri planqué
S'envoyait par la fiole un coulant barraqué.
Un goupil n'ayant eu qu'un cent d'clous pour bectance,
S'en vint lui dégoiser un tantinet jactance
« Salut, dab croasseur ! Lui bonnit-il d'autor.
En disent qu't'es l'plus beau, j'ai pas peur d'avoir tort !
Si tu me pousses la gueulante aussi bien qu't'es nippé,
T'es l'mecton à la r'dresse des mectons du boicqué ! »
A ses ragots guincheurs qui n'étaient pas marioles,
Le corbac lui balance le coulant par la fiole.
« Enlevé, c'est pesé, j'tai baisé, dit l'goupil.
Fais bien gaffe aux p'tits gonzes qui t'la font à l'estoc,
Et t'gazouillent par la couâne des bobards à l'esbroff. »
Texte paru en 1945 dans une traduction en argot des Fables de la Fontaine.
Le Corbac et le rocneau
Un pignouf de corbac, sur un touffu, paumé,
S'envoyait par la tranche, un coulant barraqué.
Un goupillé d'rocneau qui n'avait pas clappé,
Se radina lousdé pour le baratiner :
" Hé ! Mon pote le corbac,
Je n'avais pas gaffé que t'étais si chouette
Et si bien baraqué.
Si tu pousses ta gueulante aussi bien que t'es fringué,
T'es l'caïd des mecs de ce bled ! "
Le corbac, pas mariole,
Lui lâcha le coulant sur la fiole.
Moralité :
Chacun, dans son louinqué,
S'il veut rester peinard,
Doit fermer son clapet
Devant les combinards.
Jean de la Pisseuse.
Le corbeau et le renard en patois rethélois (du côté de Reims)
Y' avot in jou in corbac
Qu'était adjouquie à la tête d'un arb'
Et qui tnait dans sa bec in fromach'.
Mais y'en avot aco in
Qu'avait rouetté l'fromach de c'verrat là
Et qui s'demandot
Coumma qui f'rot bin pou l'agreppie.
I li dit: "Oh, t'es rudment biauannuit !
T'es les plumes qui sont aussi belles qu'un rossignol !
Mais ma foi, y'en avait même qui disaient
Qu'tu chantot aussi bin qu'lou.
Ca m'étonnerait mie
Ton père chantot ça si bin
Le corbeau n'se sentot pu d'aise ;
I's'mit à s'trimuchie su l'brinchette
Et n'savot pu qué grimace faire.
Mais coumme pou chantie, faut ouvrie sa bec,
Ouf, v'là fromach qui dévale.
L'aut' lavale aco pu vite.
Et quand il eut fini, i li dit :
"Eb bin, ma vaillant,
J'ma va t'baillie un bon conseil.
Quand y'en arait qui diront
Qu't'es biau et qu'tu chantes bin,
Tu sarais qu'c'est pou s'fout de ti."
"Va j'l'ai bin vu, li dit l'aut,
Mais jamais pu d'ma vie
Ni ti, ni tes pareils à ti
Ne m'raront."
C'qui pouve bin, mes afants,
Qu' les lobeux finiront toujours
De prendre ceusses qui sont assez bêtes
Pou les écoutie.
Voici une version du corbeau et du renard, revisité par Jean de la Canebière.
Etait un beau gabian, qui furait les poubelles,
Car y a plus de poissons au large de Pomègues.
Il espinche et mate, à la pointe de l’île,
Dans un trou de rocher, un moulon de bordilles.
A l’espère, dès l’aube, affamé, fracassé,
Il se cherche un asseti pour pouvoir mastéguer.
En fouillant dans le tas, son œil est attiré,
Par un toc de Banon, qui sert à broméger.
Hélas, il était dur et à l’intérieur vide,
Je peux bien se dit-il me gratter l’embouligue,
Et comme l’on dit : « qui a bien dormi a dîné »,
Il monte dans un pin pour faire un pénéqué.
Arrive un cahu, fin comme une esquinade,
Qui avait les boyaux mêlés comme une rague.
En découvrant l’oiseau et son toc de fromage,
Aquelo empego, dit-il, cela est bien dommage,
Je pourrais bien me faire péter le bédélé,
Moi, qui n’ai jamais su pêcher un pataclé.
Ô gari ! chaspe moi, à moins que je ne rêve,
Car de te voir ainsi, les yeux me parpelègent,
Tu es vraiment le plus beau de Marseille à Cassis,
Si je ne t’avais vu, je serais mort d’estransi,
Si tu chantes aussi bien que ta robe est jolie,
Mes esgourdes croiront ouir Pavarotti.
Le gabian sur sa branche, de rire s’estrasse,
Aquêu cabot, qui pour manger s’escagasse,
J’ai aussi faim que lui et voudrais bien chacler,
Mais au lieu de baffrer, je vais bien m’esclaffer.
Il lâche le banon que le stassi achoppe,
Comme un cacou d’Endoume qui frotte sa minotte,
Et part en cavalant, comme un petit boumian,
Qui a chipé vingt ronds au bain des Catalans.
Moralité.
Si un jour, par un nervi, tu te fais pessuguer,
Ne soit pas le couillon qui est toujours aganté.
Tu bromèges un peu comme avec les girelles,
Et tu attends que ça pite, pescadou de Marseille.
At the top of a tree perched Master Crow;
In his beak he was holding a cheese.
Drawn by the smell, Master Fox spoke, below.
The words, more or less, were these:
"Hey, now, Sir Crow! Good day, good day!
How very handsome you do look, how grandly distingué!
No lie, if those songs you sing
Match the plumage of your wing,
You're the phoenix of these woods, our choice."
Hearing this, the Crow was all rapture and wonder.
To show off his handsome voice,
He opened beak wide and let go of his plunder.
The Fox snapped it up and then said, "My Good Sir,
Learn that each flatterer
Lives at the cost of those who heed.
This lesson is well worth the cheese, indeed."
The Crow, ashamed and sick,
Swore, a bit late, not to fall again for that trick
Maître Corbeau sur un arbre perché,
Faisait des pets, pour rassurer son voisinage,
Maître Renard, par l'odeur intrigué,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! Comme péteur vous me semblez beau !
Sans mentir et sans pétage,
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le prodige des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne sent plus sa joie,
Et pour montrer sa belle faculté,
Il fait un pet, tombe à moité asphyxié.
Le Renard, prestement, du Corbeau s'empara,
Et lui fit son affaire à grand fracas,
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus,
Le Renard lui cria " Soyez bon Prince, je vous laisse la vie et le trépas ! "
Maître Corbeau s'envola pleurer à la Fontaine,
Qui, par son talent exceptionnel, fis une fable
plus admirable et plus sereine.
Apprenez, cher lecteur, que tout baiseur,
Est parfois mauvais joueur,
Et que de baiseur à être baisé,
Il n'y a parfois, qu'un corps beau à sauter.
“La Fourmi et la cigale”
La Fourmi, ayant stocké
Tout l'hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu
Qui lui prendrait ces morceaux
De mouches ou de vermisseaux ?
Elle tenta de démarcher
Chez la Cigale sa voisine,
La poussant à s'acheter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison prochaine.
" Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Cigale n'est pas gourmande
C'est là son moindre défaut.
" Que faisiez-vous au temps froid ?
Dit-elle à cette amasseuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je stockais, ne vous déplaise.
•Vous stockiez ? j'en suis fort aise ;
•Eh bien ! soldez maintenant. "
Merci aux ceusses qui m'ont livrés ces oeuvres littéraires
Et en prime t'as l'BonDim d'H-IL
Prochain article mardi 30 août sur l'Jaune